• Le microbiote intestinal :

    une nouvelle piste pour mieux comprendre et traiter le NORSE

    Porteurs de projets

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    60 000 € pour un projet de recherche innovant soutenu par l’Association Paratonnerre.

    Début des travaux : janvier 2025.

    Les recherches scientifiques sur le lien entre cerveau et intestins n’en finissent plus de révéler des pistes prometteuses. Au croisement de la neurologie, de l’immunologie et de la microbiologie, un nouveau projet piloté par la Dr Teresa Ravizza, chercheuse au Laboratory of Epilepsy and Therapeutic Strategies à Milan, propose une approche inédite pour mieux comprendre et traiter le syndrome NORSE/FIRES.

    Une nouvelle approche scientifique

    Ce projet de recherche part d’un constat étonnant mais désormais bien documenté : le microbiote intestinal – cet ensemble de bactéries qui vivent dans notre tube digestif – communique en permanence avec notre cerveau. Et cette communication semble perturbée dans certaines formes graves d’épilepsie, comme le NORSE (New Onset Refractory Status Epilepticus).

    Chez des souris présentant un état de mal épileptique mimant le NORSE, l’équipe de Teresa Ravizza a observé une dysbiose intestinale, c’est-à-dire un déséquilibre du microbiote. En particulier, les chercheurs ont relevé une baisse des bactéries capables de produire des acides gras à chaîne courte (AGCC) – principalement le butyrate, le propionate et l’acétate.

    Ces AGCC ont des propriétés particulièrement intéressantes :

    • réduction de l’inflammation,
    • protection de la barrière hémato-encéphalique (qui empêche les toxines de pénétrer dans le cerveau),
    • régulation du système immunitaire.

    Objectif : rompre le cercle vicieux entre inflammation et crises

    Le projet va plus loin en testant une intervention thérapeutique expérimentale : administrer des AGCC (sous forme de butyrate de sodium) 8 heures après le début d’un état de mal épileptique chez la souris. L’idée est de voir si cette intervention peut :

    • réduire la fréquence et l’intensité des crises,
    • prévenir les récidives,
    • limiter les séquelles cognitives et neuronales à long terme.

    En parallèle, l’étude analysera si cette approche permet de stabiliser la barrière hémato-encéphalique et de corriger la dysbiose, afin d’enrayer l’inflammation cérébrale.

    Une alternative aux approches existantes

    Contrairement au régime cétogène, souvent utilisé dans certaines épilepsies résistantes, cette approche n’agit pas sur la production de GABA (un neurotransmetteur), mais cible un autre levier : l’axe intestin-cerveau via l'inflammation. C’est donc une voie complémentaire, avec un potentiel thérapeutique encore peu exploré.

    Des perspectives concrètes pour les patients

    Si les résultats sont positifs sur le modèle animal, ils pourraient à terme ouvrir la voie à des traitements innovants pour les patients NORSE/FIRES, mais aussi pour d’autres formes d’épilepsie chronique, où l’inflammation et la dysbiose jouent un rôle.

    Prochaine étape : lancement en 2025

    Le projet débutera officiellement en janvier 2025, avec une première évaluation des résultats prévue au printemps. L’Association Paratonnerre, engagée dans le soutien à la recherche sur les épilepsies rares et sévères, est fière d’accompagner cette initiative porteuse d’espoir.

    💡 Le saviez-vous ?
    Une barrière hémato-encéphalique perméable, souvent liée à l’inflammation, peut favoriser l’entrée de molécules pro-inflammatoires dans le cerveau... et aggraver les crises. Les AGCC pourraient jouer un rôle-clé dans sa stabilisation.